A l’automne 2012, je repiquais 300 pieds d’hélichryse italienne (immortelle) avec un soin tout particulier et une gaité extraordinaire : je retrouvais un lien avec une plante qui m’avait accompagnée dans d’autres vies. Son toucher, son odeur particulière de curry me rappelait la Yougoslavie où nos parents nous avaient emmenés en vacances dans les années 1970. Ses vertus apaisantes pour les traumatismes de toutes sortes  coups, chocs et aussi les bleus de l’âme, me rendaient tout simplement folle de joie !

Au printemps suivant, je désherbais donc mes jeunes plants qui avaient été cernés par le liseron. Je suis alors rentrée dans une colère sans nom contre lui : je ne pouvais le séparer de l’immortelle,  en arrachant le liseron…. j’arrachais l’immortelle.

C’était une véritable désolation pour moi que d’abîmer, malgré moi, cette délicate plante. En tentant de la désherber pour qu’elle s’épanouisse, j’obtenais l’effet contraire : je détruisais les pieds qui avait fait l’objet de tant d’attention de ma part!

Alors j’ai réalisé : le liseron est une plante qui a besoin d’un tuteur, elle est rampante, trop faible sur sa tige, elle n’a pas suffisamment de rigidité pour s’élever vers le soleil. Le liseron ne peut tendre seul vers le ciel, vers la lumière et la chaleur, essentielles à sa croissance, sans le support d’une autre plante. Il n’a pas de verticalité acquise. Alors, c’est la façon de faire qu’il a développé, son seul moyen pour s’élever. Comme toutes les autres plantes, le liseron est là, ici bas,  pour faire son cycle, c’est son seul but. L’œuvre que toute plante a à accomplir c’est d’aller jusqu’à la fructification, engendrer d’autres spécimens en produisant des graines. Alors, seulement, elle disparait, une fois son cycle accompli.

C’est aussi simple que cela : la vie est simple, efficace, incroyablement déterminée !

Le liseron ne peut pas se déplacer, c’est l’apanage du règne végétal que d’être autotrophe. Il trouve toutes les substances nécessaires à sa croissance dans l’environnement immédiat, là où il pousse. C’est la différence majeure avec le règne humain et animal qui eux, peuvent se déplacer pour aller s’alimenter, boire, chasser, cueillir, c’est la grande différence ils ont le choix !

Là où la graine « lève sa dormance », c'est à dire qu'elle germe, elle va devoir  faire  avec ce qu’elle a ,…et la fin justifie les moyens !

Mon admiration et mon respect pour les plantes est sans limite lorsque je vois la force de vie qui les traverse. Quelque fois, en pensant à elles, je trouve que je  me lève pas assez tôt le matin, en me disant : elles sont déjà à l’œuvre pour elles, leurs futures graines, les insectes, les animaux et l’homme .Elles sont là et elles poussent, qu’il fasse froid, chaud, sec, pluvieux, qu’il y ait des maladies, elles sont là…. et donnent le meilleur d‘elles mêmes !

Oui, quelque soit les conditions, leur raison d’être et ce qui les anime c’est : pousser, croître, se multiplier c’est le but ultime  .

Revenons au liseron, il pourra parfois être soutenu par des plantes ligneuses, robustes  tel un jeune arbrisseau, ou un rosier, ou encore des plantes très solaires, très yang, comme les aromatiques ( Thym, romarin) . Ces dernières ne vont pas s’en trouver incommodées. Sans faire d’anthropomorphisme, on peut  dire qu’il n y a pas mort d’homme, on constate une certaine entente, une sorte d’équilibre où chacun fait son chemin dans un  respect fragile et éphémère, Le liseron colonise le thym ou le romarin et alors... il n’empêche ni l'un ni l'autre de pousser , fleurir, produire des graines !.

Bien sur il ne faudrait pas que cela dure plusieurs années,… sinon,  elles aussi vont dépérir …..à l’usure. Parfois il se portera sur des plantes plus fragiles, plus yin, plus douces totalement dans l’accueil, mais  à leur détriment, les étouffant, les tuant, les empêchant d’accomplir leur œuvre de fructification.

Mais Mère Nature sait ce qu’elle fait : elle régule, elle équilibre. La loi universelle se dévoile : Chacun à sa place et une place pour chacun, sans jugement les choses sont, …c’est Tout !

Ainsi, selon moi il n y a pas de bonnes ou de mauvaises plantes, pas plus qu’il n y a de bons ou de mauvais sols :  il y a juste ce qui demande un peu plus d’attention, de soin et de patience, et juste laisser la magie s’accomplir !

En faisant un parallèle  avec le  genre humain,  j'ai observé, l’ayant personnellement expérimenté,  que en couple ou dans le travail, ou en famille avec un père une mère, un frère une sœur, …..on pouvait se retrouver dans ce type d’association : Liseron/plante-hôte.

Certaines personnes s’appuient  totalement sur l’autre ou les autres parce qu’elles ne se sentent pas tout à fait autonomes ou indépendantes. Cela fait partie de la vie, du droit à la différence, de la solidarité. Chacun, son rythme, ses capacités, ses forces, ses faiblesses, chacun son niveau de  dépendance affective, matérielle etc.. ! On choisit ce genre d’expérience pour dépasser des blessures que l’on n’a pas guéries, :soit dans des existences antérieures, soit par le biais du trans générationnel c’est-à-dire les blessures que les aïeux n’ont pas soldées et que l’ on porte.

A terme, ce type d’association est voué à l’échec, du moins  lorsqu’il n est pas vécu en pleine conscience. Le comportement de l’un peut s’avérer invasif et destructeur pour l’autre.

Tous les jeux (Je) de la personnalité vont s’activer : pouvoir, possession, dépendance affective, jugement. Faire du mal à l’autre pour s’auto punir, ou à l’inverse subir le pire parce que l’on est dans le déni de soi, dans la culpabilité, « je ne mérite pas une vie douce équilibrée, un compagnon ou une compagne normal(e), attentionné(e), qui ne soit pas malade mental ou physique,   ou encore décider de  laisser les peurs conduire notre existence : la peur de l’abandon, de perdre, etc.…. Voilà tous les mécanismes classiques qui vont s’activer dans cette relation est bien d’autres encore , c’est ce qui nous sort de ce que nous sommes individuellement , au fond de nous, c’est ce qui nous amène à nourrir les énergies de destruction au lieu de nourrir les énergies d’ amour !

Même si on observe une certaine pérennité, voir un équilibre fragile dans ce jeu d’association,  la relation rentre dans le parasitisme, génère une toxicité certaine et amène le chaos pour les 2 ..Aucun des 2 n’est à sa place, il y a souffrance et la maladie ne va pas tarder à apparaitre.

 

Je suis certaine, que vous soyez un homme ou une femme, vous avez déjà croisé un « liseron maniaco dépressif », un « liseron bipolaire »,  un  « liseron  pervers narcissique », un « liseron manipulateur , calculateur, cupide, vénal , obsédé par son activité sexuelle…..surtout avec vos copains ou copines… le liseron version sombre de nos personnalités. Il y a les liserons timides, attendrissants, n’osant rien s’accrochant  si légèrement  qu’il s’envolent au moindre coup  de vent , se sentant presque coupables  et bien d’autres encore dans leurs versions  plus lumineuses….. C’est le jeu (je) de l’humain, de son mental, de son inconscient. Cette situation provoque généralement ce que l’ on appelle des projections .A la longue chacun perd son axe , sa verticalité, ses repères , son identité , il rentre alors dans les peurs de l’inconnu et  afin de se protéger  projette sur l’ autre ses propres angoisses,, ses maladies, ses colères , tout ce qu’il n’a pas réglé resurgit comme un poison jeté à la face .

Là, les mots s’avèrent réellement une source de maux : tout y passe : les flèches qui transpercent et font mal avec leur venin, le chantage affectif,  il ira jusqu’à manipuler votre  propre famille ,qui, affolée par son état ,  pensera que c’est vous qui devait  vous faire interner en HP …mais bon c’est bien connu :  HP Hoptital psychiatrique et HP Haut Potentiel c’est la même chose !

Le liseron ( dans son stéréotype humain) a toutes les couleurs de l’arc en ciel, puisqu’il est blanc , il va donc vous en faire voir de toutes les couleurs, et vous faire passer par toutes les phases alchimiques calcination, purification, lessivage, essorage, sublimation cela ne manque pas d’ enseignements! Avec lui on revisite la mythologie, le théâtre, on peut se la jouer Oreste, Orphée aux enfers , Iphigénie, Roméo et Juliette,…le tout c’est d’avoir à l’esprit qu’il y a beaucoup d’humour et de ne pas trop se prendre au sérieux!

Pour autant ? Est-on réellement  réellement obligé de subir cela…..  ou peut-on choisir de vivre cette « relation » et de la transmuter pour passer à quelque chose qui nous convient mieux?

Lorsque l’on vit (entendez que l’on a choisi de vivre cette expérience) un compagnonnage avec une personne en mode  «  Liseron », doit-on se mettre, comme le dit Isabelle PADOVANI sous « la lapidation » ?

En d’autres termes doit- on subir, s’épuiser et passer à coté de sa propre mission de vie……en donnant toute sa substance à l’autre? Je dis NON  car c’est ne pas respecter ce que nous sommes.

Dans ce genre de « binôme », on peut soit se glisser dans la peau de la plante hôte, la « sauveuse-victime (archétype du  donneur) qui accueille généreusement avec un cœur grand comme ça, le liseron bourreau (archétype du preneur).

L’un, souvent inconsciemment,  se positionne en sauveur, elle pense être plus forte plus organisée que l’ autre , elle est en fait victime de son déni d elle même de sa dépendance affective et s’offre en fait en sacrifice en tant que victime (sans le savoir) à un sauveur qui est en fait un persécuteur en puissance .L’idéal pour lui faire faire un pas de plus en avant! Il va  amener  tout ce qu’il a jusqu’à se mettre en danger. Selon, il va donc « partager »: son l’art de vivre, son énergie, sa vitalité, ses moyens financiers, sa connaissance, sa sagesse, sa capacité de travail, ses relations et réseaux (le liseron en a peu nécessairement), sa famille, bref  tout ce qui fait son  potentiel de vie,et de transformation pour l’ autre..

Il ou elle attendra d'être rendu à la dernière extrémité : se sentir essoré, séché pour se rendre compte qu’il y a eu « mal donne » et que l’on subit cette relation mortifère car  dénuée d’amour.

Si, au contraire on est parfaitement conscient  d’être avec un liseron, en accueillant ses faiblesses, ses limites, ses « Je » de manipulations qui ne sont souvent que le reflet des nôtres alors cela devient différent. On ne subit plus la lapidation on choisit la crucifixion ! Toujours en citant Isabelle PADOVANI, lorsque l’on choisi en son âme et conscience, et en toute connaissance de causes, on se place dans le choix de la crucifixion qui fait  qu’il n’y a pas de souffrance : c’est un choix, on sait avec qui on va, comment il ou elle fonctionne et c’est OK !

 

Alors je me suis interrogée en  me disant que  tout de même la grande différence entre l’homme et la plante c’est que l’humain peut toujours choisir  de naître liseron et de se transmuter ou d’évoluer vers une autre plante ? L’homme a sa conscience propre, son libre arbitre. C’est un cadeau précieux, une chance incroyable et il peut  décider d’accepter ou de refuser cette association, ou de la vivre en se transformant et donc en la transformant.

 Lorsque nous expérimentons ce type de rencontre nous sommes souvent dans une rencontre  karmique,  dont l’issue peut s’avérer fatale pour la mission de vie des 2 âmes si elle n’est pas vécue pleinement consciemment par les 2 parties. Il n’est pas de plus grand amour que d’accepter de vivre cela ou au contraire d’accepter de se séparer pour permettre à chacun de s’accomplir. C’est hélas rarement le cas ! L’homme a la capacité de choisir de transformer cette donne « bourreau versus victime- sauveur » avec son potentiel spirituel, avec la puissance de son esprit !

Sans être assurée de ma conclusion, je partage avec vous ce que la Nature m’a enseigné et montré.

Un jour d’’automne, quelques mois après avoir observé ces états décrits plus haut,  j’ai vu le liseron qui avait couché, plié, laminé des carottes sauvages et des cardères de 1,50 m de haut à plat contre le sol. Il avait ainsi réalisé un paillage bien épais de 20 cm sur le sol, apportant ainsi une belle source d’humus pour la Terre.

Alors j’ai compris qu’il retournait  à la terre, sous une autre forme,  ce qu’il avait pris pour pousser. Un beau paillage en échange des graines qui n’ont pu être offertes à la terre par les plantes qu’il a étouffées la saison précédente.

Je me suis simplement dit qu’il s’agissait de la loi universelle, la loi du pay- back, que cite les aborigènes d Australie : « ce que tu prends à la Terre ou à l’autre tu dois le lui rendre ! » pour que l’équilibre soit maintenu.

J’ai immédiatement saisi la place du liseron dans la chaîne : il a lui aussi un rôle et pas uniquement celui de « sérial killer » qu’on lui attribue et je l’ai remercié sans avoir de jugement sur sa façon d’agir, pour l’enseignement qu’il m’apportait!

Depuis, il n’est plus présent dans mes délicates et fragiles immortelles,… il a choisit des plantes plus grégaires.

A accueillir son enseignement, il me semble que  j’ai reçu, finalement, une certaine clémence de sa part  à mon égard et surtout  à l’ égard des plantes  avec qui j’apprends : chacun respecte et voit l’autre à présent! Tout est parfait et décidé à un point bien supérieur à celui de notre condition humaine, c’est avec le temps et le recul que l’on perçoit le chemin que les liserons, ceux que nous avons croisés sur notre chemin  nous ont fait parcourir. Tout est parfait !